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Bahia la survivante : Un nom, un destin, une mémoire vivante

  1. Le 30 juin 2009, un vol commercial en provenance de Paris via Marseille à destination des Comores s’écrase dans l’océan Indien, au large de l’archipel. Le vol Yemenia 626, opéré par la compagnie Yemenia Airways, transporte 153 personnes. Aucun appel de détresse, aucun atterrissage d’urgence. L’avion disparaît dans la nuit tropicale, entre turbulence et silence radio.

Le lendemain matin, au milieu des opérations de recherche, un miracle émerge : une jeune fille de 12 ans est retrouvée, vivante, agrippée à un débris de l’appareil. Son nom : **Bahia Bakari**.

Elle devient aussitôt un symbole mondial. Les médias parlent de « la miraculée », les chaînes d’information saluent un « miracle de l’océan », et les journaux soulignent le courage de cette adolescente, qui a survécu seule pendant près de **11 heures** dans une mer agitée, sans gilet de sauvetage, à demi consciente, blessée, accrochée à la vie par la seule force de l’instinct.

Mais derrière le miracle, il y a une tragédie. Bahia a perdu sa mère dans le crash. Elle est aussi, malgré elle, l’unique voix vivante d’un drame plus vaste : celui des **152 disparus**, de leurs familles en deuil, et d’un système aérien défaillant dont la responsabilité ne sera pleinement jugée que treize ans plus tard.

Ce texte retrace l’histoire de Bahia Bakari, de la nuit du crash jusqu’à son combat pour la vérité. Il s’intéresse à la jeune fille, mais aussi à l’adolescente qui a reconstruit sa vie, à la femme engagée qu’elle est devenue. Il parle d’aviation, de négligences, d’héroïsme, de foi, de résilience et de mémoire. Il interroge la façon dont une enfant a été projetée dans l’histoire, dont elle a pris en charge une mémoire collective, et dont elle a su, avec pudeur et force, traverser l’inimaginable.

## ✈️ Partie 2 – Le vol 626 : Chronique d’un crash annoncé (env. 2 000 mots)

Le vol Yemenia 626 devait relier Paris à Moroni (capitale des Comores), avec escale à Marseille et à Sanaa, au Yémen. C’est un trajet fréquent pour les familles comoriennes installées en France. À bord, ce 30 juin 2009, plus de 60 passagers sont originaires de Marseille ou de la région parisienne.

À l’aéroport, le début du voyage s’annonce banal. L’avion utilisé sur le trajet Paris-Sanaa est un Airbus moderne. Mais à Sanaa, les passagers doivent changer d’appareil pour la dernière portion du vol. Et là, c’est un vieux **Airbus A310-324**, datant de 1990, que beaucoup dénoncent comme vétuste et mal entretenu. L’appareil est interdit de vol dans l’Union européenne depuis 2007.

Les témoignages concordent : passagers et familles ont souvent protesté contre la qualité des avions de la Yemenia sur la ligne Sanaa–Moroni. Une forme de mépris à peine déguisée : « Ils nous traitaient comme du bétail », dira plus tard une mère de victime.

Dans la nuit noire du 29 au 30 juin, l’Airbus entame sa descente vers Moroni. À 2h50 du matin, l’équipage tente une approche. Les conditions sont mauvaises : vents puissants, pluie, nuages épais. La tour de contrôle n’a pas de radar secondaire, l’environnement est rustique. L’approche est ratée une première fois. Puis l’avion décroche. Selon les boîtes noires, le pilote automatique est désengagé manuellement, et l’équipage tente une manœuvre d’urgence. Trop tard. L’appareil entre dans une vrille incontrôlée et s’écrase en mer.

L’impact est violent. L’avion se disloque. Les 153 personnes à bord sont projetées dans l’eau. La plupart meurent sur le coup ou se noient. Les opérations de secours, lentes, ne trouvent que des débris… et un corps vivant.

## 🌊 Partie 3 – Bahia, seule dans l’océan (env. 1 600 mots)

Bahia Bakari, 12 ans, est projetée hors de l’avion lors de l’impact. Elle ne sait pas nager. Elle n’a pas mis de gilet de sauvetage. Elle se réveille dans l’eau, blessée, seule, accrochant un morceau de la carlingue. Elle voit des lumières au loin, croit entendre des voix, mais personne ne la trouve.

Les vagues sont fortes, les courants puissants. Elle lutte pour ne pas sombrer. Elle n’a rien à boire ni à manger. Elle souffre : bras fracturé, brûlures dues au kérosène, blessures multiples. Mais elle tient. Elle ferme les yeux. Elle pense à sa mère. Elle prie. Elle se raccroche à une pensée : survivre.

Plusieurs heures plus tard, un pêcheur comorien, Saïd, découvre son corps flottant près de sa pirogue. Elle est consciente, mais faible. Il la hisse à bord, l’amène sur la côte. Là, elle est prise en charge et transférée vers l’hôpital El Maarouf de Moroni, puis évacuée vers Paris.

Les médecins sont stupéfaits. Comment une enfant de cet âge, sans équipement, a-t-elle pu survivre aussi longtemps ? Son corps est brisé, mais sa volonté semble intacte. Sa guérison est lente, mais solide.

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